Je suis pas une courge

MINI-CRACKERS AU FROMAGE ET AUX ÉPICESPour s’ouvrir l’appétit un p’tit peu plus joliment que d’habitude

Ô grignotage, ô désespoir… À cause des chips à la moutarde, des flûtes au sésame, des tortillas au paprika et des torsades au bacon, vous avez noué une relation intime et sans issue avec votre peau d’orange. À cause des beignets à la confiture, des caramels au beurre salé, des gaufrettes à la vanille et des éclairs au café, vous avez irrémédiablement coupé le cordon avec votre pèse-personne. À cause des pots de départ de vos collègues, des cafés-tchatche de vos copines, des apéros dînatoires de vos cousins et des tournois de poker du dimanche soir, il vous est devenu impossible de remettre la main sur un repas équilibré… On vous appelle l’ogresse, le puits sans fond, l’aspirateur ou le hamster, et ça fait belle lurette que vous n’avez pas taillé une petite bavette avec le moindre fruit ou légume frais. Vous voilà dans de beaux draps, mais vous verrez, ça vous passera…

Pour 6- 8 personnes (env. 40 mini-crackers)
20 minutes de tambouille
15 + 15 minutes de cuisson

• des emporte-pièce (idéalement, en forme de lettres de l’alphabet)
• 1 rouleau à pâtisserie (ou une bouteille de vin, mais c’est moins pratique…)
• 60 g de fromage râpé italien en poudre
• 60 g de poudre d’amandes
• 250 g de farine + 1 peu de rab pour étaler
• 160 g de beurre (salé) ramolli
• 1 c. à café de paprika (en poudre)
• 1 c. à café de curry (encore en poudre)
• 1 pincée de muscade (toujours en poudre)
• du sel et du poivre
• 1 oeuf

Préparez votre pâte dans un grand saladier en malaxant du bout des doigts la farine, le fromage, les épices, la poudre d’amandes, le sel et le poivre pour qu’ils s’amalgament en veux-tu en voilà.
Ajoutez l’œuf entier et pétrissez rapidement de façon à former une grosse boule de pâte souple et pas trop collante (si c’est pas le cas, rajoutez un peu de farine).
Farinez la surface où vous vous voulez étaler la pâte (lavez-la d’abord, hein…), et puis… étalez la pâte, au rouleau à pâtisserie (en mettant aussi de la farine sur le rouleau pour que ça ne colle pas trop à la pâte), sur 3 à 5 millimètres d’épaisseur.
Préchauffez votre four à 150° (th. 5).
Découpez des lettres ou des formes dans la pâte avec vos emporte-pièce, et disposez-les pas trop trop trop serré sur une plaque qui va au four.
Enfournez en surveillant pendant 10 à 15 minutes, laissez refroidir, et conservez (si vous n’êtes pas des ogresses, des puits sans fond, des aspirateurs ou des hamsters) pendant plusieurs jours dans une boîte en fer.

Avis aux strasbourgeois !
Si ça vous dit que goûter à ces crackers ainsi qu’à d’autres petits grignotages made in America, de claquer la bise à Rebecca Off (mon pseudo de cuisinière associative), d’écouter de la musique sortie des quatre volontés de mes compagnons DJ, et de regarder des vidéos pas toujours très cathodiques… RDV vendredi 28 septembre 2007 au Troc café, faubourg de Saverne, de 19h à 23h pour un apéro-mix estampillé PANIMIX (plus d’infos sur le site www.panimix.net).

TARTE AUX MIRABELLES, À LA RICOTTAET AU VINAIGRE DE CIDREPour faire vrombir sa cafetière et rameuter ses copines

Vous ressortez d’un entretien d’embauche particulièrement stimulant. Pour ne pas mâcher vos mots, vous pouvez affirmer tout haut que vus avez été purement parfaite : pertinente, concise, subtile, espiègle juste comme il faut, idéalement en phase avec la culture de l’entreprise et en totale maîtrise des capacités intellectuelles incombant à votre poste. Vous commencez la semaine prochaine, la vie est plutôt pas mal, vous souriez aux passants, vous chantez sous la pluie, vous dépensez en quelques heures la moitié de votre premier salaire (hyper bien négocié, d’ailleurs), et vous oubliez que vous détestez les lundi. C’est vous la reine, vous vous couvrez de fleurs et de jolies robes, vous êtes la meilleure et il était temps qu’on s’en rende un tout petit peu compte. Rien ni personne ne pourra ternir votre nouvelle bonne humeur quotidienne, et vous vous promettez de ne plus jamais radiner sur les démarrages du bon pied. À bon entendeur, bon appétit.

Pour 6- 8 personnes
30 minutes de tambouille
30 minutes de cuisson

• 200 g de farine blanche
• 100 g de beurre salé (ou pas, mais c’est tellement meilleur)
• 1 à 2 c. à soupe de vinaigre de cidre (ou de l’eau, mais c’est tellement moins bon)
• 250 g de ricotta (ou du fromage blanc)
• 2 c. à soupe de miel
• 3 c. à soupe de sucre roux (ou blanc)
• env. 30 mirabelles (ou des abricots, ou des reines-claudes)
• 6 c. à soupe de pignons de pin (ou des noix)

Lavez-vous les mains et le cerveau de toutes vos idées préconçues sur la difficulté de faire soi-même sa pâte à tarte, puis mettez la farine et le beurre coupé en petits cubes dans un saladier.
Émiettez le tout entre vos doigts de façon à bien amalgamer le beurre dans la farine.
Ajoutez le vinaigre petit à petit, et pétrissez (malaxez) rapidement pour obtenir une boule de pâte souple et homogène.
Étalez la pâte au rouleau sur environ cinq millimètres d’épaisseur et chemisez votre moule (habillez-le avec la pâte, quoi).
Préchauffez votre four à 200° C (th. 6-7).
Dans un bol, mélangez la ricotta et le miel (vous pouvez en rajouter un peu si vous êtes accro au très sucré).
Nappez votre fond de tarte avec ce savoureusement simplissime petit mélange.
Lavez les mirabelles, tranchez-les en deux et dénoyautez-les, puis répartisssez-les sur le fond de tarte, en laissant de la place sur le pourtour et au centre de la tarte pour les pignons.
Ajoutez ces derniers sur cet espace insupportablement vide, et saupoudrez toute la surface de la tarte avec le sucre roux.
Enfournez pendant environ 30 minutes, et dégustez tiède ou froid avec un thé à la menthe et une poignée de copines à l’estomac bien charpenté.

SALADE DE PÂTES AUX LÉGUMES FRAISET AUX FRUITS SECSPour manger, bouger, et en prime se la péter

Vous rentrez chez vous les bras inondés de courses, et comme toujours, ni votre homme, ni vos mômes, ni vos copines n’arrivent à comprendre pourquoi vous avez acheté cinq sortes de gels douche (même si vous argumentez que « fraîcheur marine » et « douceur des îles », c’est pas du tout la même chose…), trois paquets de filtres à café (depuis que vous avez été en panne il y a six ans, ça reste un traumatisme), un plant de basilic à repiquer (ce n’est que le dix-neuvième que vous laisserez mourir…), et dix ou quinze autres diverses bricoles ni essentielles, ni même utiles, que vous étiez incapable d’abandonner dans les rayons et que vous avez recueillies dans votre caddie avec ferveur et détermination. Vous déballez vos achats le front haut et la mine réjouie (on ne peut pas en dire autant de votre compte courant, mais ça, c’est une autre histoire, à ne surtout pas aborder avant la fin du mois…), et puis vous tombez nez à nez avec la liste des courses alimentaires indispensables que vous avez oubliée sur la table avant de partir ce matin. Un bain, un café et un repiquage aromatique plus tard, vous voilà repartie pour une escapade consommatrice enchanteresse et déjantée…

Pour 2 à 4 personnes
20 minutes de tambouille
30 min de réfrigération

• 60 g d’orecchiette (ou bien d’autres pâtes que vous kiffez leur race)
• 150 g de petits pois à écosser (une trentaine de petits pois en boîte, mais c’est bien moins kiffant pour le palais)
• 150 g de tomates cerises
• 50 g de mimolette (vous savez, le fromage orange qui ressemble au gouda)
• 1 grosse poignée de raisins secs
• 1 grosse poignée de cacahuettes
• quelques feuilles de basilic frais (ou déshydraté)
• Vinaigrette : 1 c. à café de moutarde à l’ancienne
• 4 c. à soupe de fromage blanc
• 2 c. à soupe de vinaigre balsamique
• du sel et du poivre

Comme vous n’êtes pas une nouille, vous faites cuite vos pâtes all dente comme c’est indiqué au dos du paquet, vous les rincez à l’eau froide pour qu’elles refroidissent et vous les égouttez pour qu’elles ne lâchent pas d’eau dans la salade.
Comme vous n’êtes pas une courge, vous écossez les petits pois (je sais, c’est peut-être la première fois), vous lavez les tomates et vous les tranchez en quatre, et puis vous coupez la mimolette (sans la peau) en petits cubes.
Comme vous n’êtes pas une quiche, vous sortez un saladier, vous y mettez tous ces ingrédients, et vous y rajoutez les cacahuettes, le basilic lavé et ciselé en petits morceaux, et les raisins.
Et puisque vous êtes devenue une crème, vous touillez les ingrédients de votre vinaigrette dans un bol, et vous la transvasez dans le saladier.
Vous mélangez, vous couvrez, vous mettez au frais, vous servez dans des bols individuels et vous dévorez.

TARTELETTES AUX TOMATES,AU CHÈVRE ET AU BALSAMIQUEPour consoler son four avec autre chose que du réchauffé

Thomas, de chez Pizz’aïe aïe aïe, il oublie toujours de vous livrer les sachets d’huile piquante. Laurence, de chez Speedy Pizzouille, elle refuse en bloc que vous rajoutiez des morceaux d’ananas sur la quatre fromages. Gigi, de chez Sweet Home Couscous, il vous a déjà fait prendre trois kilos depuis le début de l’année. Et je ne vous parle pas de Etsuko, de chez Youpi Sushi, de Bolo, de chez Carbo Espresso, de Dylan, de chez Chicken Choc, de Rick, de chez Frit’land… Alors vous faites comment vous, quand vous devez gérer en même temps les soirées foot et rugby, les plateaux-télé spécial Popstars, les piques-niques couette devant Desperate Housewives, les invasions barbares surprise de la moitié de la classe de votre fils (heureusement qu’à cet âge-là, « les filles, ça pue »), et vos irrépressibles fringales impulsives ? Hein, vous faites comment ?…

Pour 2-3 personnes
10 minutes de tambouille
15-20 minutes de cuisson

• (Pour 6 tartelettes)
• 1 rouleau de pâte feuilletée (c’est trop dur de la faire soi-même, en tout cas, jusqu’à preuve du contraire, moi j’ai pas le courage…)
• 6 c. à café de moutarde (from Dijon, of course)
• une trentaine de tomates cerises (des rouges et des jaunes, si vous avez le choix, et le budget…)
• 1 bûchette de fromage de chèvre
• 6 c. à café de vinaigre balsamique
• du basilic (allez, du déshydraté, ça ira)
• du sel et du poivre

Comme vous avez super la dalle, vous y allez franco : déballage et déroulage de la pâte, et « chemisage » du moule (en bref, vous découpez des cercles de pâte aux ciseaux, et vous tapissez chaque moule avec). Ensuite, comme vous êtes du côté des fans de moutarde, vous n’y allez pas mollo : nappage généreux et plutôt grossier de chaque fond de tarte avec une cuillère à café de cette starlette bourguignonne.
Et puis, et puis, comme vous entendez au loin les premiers balbutiements rugissants des All Blacks, vous enchaînez dare-dare : déposage d’une tranche de chèvre au centre des tartes, entourage d’une jolie couronne de demi-tomates cerises (et comme vous êtes pointilleuse, vous alternez les rouges et les jaunes), nappage de vinaigre balsamique, saupoudrage de basilic et salage-poivrage.
Après c’est simple : vous enfournez (d’ailleurs, moi j’ai oublié de vous le dire, mais vous vous avez pensé à le faire : préchauffage du four à 210° C ou th. 7), vous cuisez 15 à 20 minutes, et puis vous baffrez (si possible avec la compagnie amicale et bienfaisante d’une petite salade verte).

SALADE DE SOJA ET DE LENTILLES CORAIL À L’ANANASPour driver sa ligne et draguer les bio garçons

Ah la la, les p’tits jeunes de Greenpeace, ceux qui vous sifflent dans la rue et vous promettent de ne jamais arrêter de vous sourire en échange d’un tout petit RIB et d’une minuscule autorisation de prélèvement mensuel… Ces sexy boys de l’écologie, ces irrésistibles sauveurs de l’humanité, ces tendres bâtisseurs d’un monde meilleur… Ils ont l’air tellement passionnels, tellement épris d’une cause qu’ils défendent corps et âme, tellement charnellement dévoués, tellement craquants, tellement excitants… Heureusement qu’ils ne savent pas que vous prenez des bains interminables, que vous n’avez ni ampoules économiques ni pot catalytique, que vous faites la poussière avec des lingettes jetables et que vous détestez Ushuaia… Et cette plaie de petite étudiante boutonneuse qui menace de leur vendre la mèche depuis que vous l’avez mise à la porte de chez vous sans avoir signé sa pétition pour la protection des droits des dauphins à Marineland… La tortionnaire… Vous allez acheter son silence à coups de fondant au chocolat magique…

pour 4 à 6 personnes
15 min de tambouille
5-10 min de cuisson
30 min de réfrigération

• 250 g de pousses de soja (oui, oui, ça se mange…)
• 5 c. à soupe de lentilles corail (oui, oui, ça aussi)
• 3 tranches d’ananas en boîte (évidemment, du frais c’est encore mieux)
• 1/2 poivron jaune (évidemment, d’une autre couleur, c’est possible aussi)
• 1 grosse poignée de graines de courge (évidemment, ça se trouve dans les rayons bio)
• And for the vinaigrette :
• 3 c. à soupe de sauce soja
• 3 c. à soupe de vinvaigre de xérès
• 3 c. à soupe d’huile de noix
• 1 c. à café de curry
• sel et poivre

D’abord et avant tout : vous lisez les instructions qui sont au dos de votre paquet de lentilles, et vous les faites bouillir de la façon dont on vous le demande.
Ensuite, vous rincez les lentilles à l’eau froide pour qu’elles refroidissent et vous les égouttez dans une fine passoire.
Après ça, vous rincez aussi les pousses de soja, vous lavez le poivron, vous enlevez les parties vertes et blanches et les pépins, et puis vous le tranchez en cubes, vous coupez les tranches d’ananas en petits morceaux et vous soufflez un peu.
Vous mettez tous ces ingrédients dans un saladier beau comme un camion, vous préparez la vinaigrette dans un bol (ou directement dans le saladier), vous assaisonnez, vous recouvrez d’une assiette, et vous faites patienter au frigo.
Avant de servir (dans des bols individuels, c’est mieux), vous parsemez artistiquement de graines de courges (si vous les mettez avant, elles ramollissent et vous déchantez…), vous vérifiez l’assaisonnement, et puis vous foncez droit vers votre petit succès.

MOUSSE DE LENTILLES AUX POIVRONS ET AU CUMINPour se la tartiner douce, sans beurre et sans reproches

« Absolument trendy ». Votre copine Mado, elle n’a plus que ces syllabes dans le gosier. Alors vous, la « louloutte attardée » (c’est elle qui le dit, et c’est ce qu’on va voir…), vous avez révisé votre fluent english, et vous avez décidé de devenir à votre tour « absolutely tendance », histoire de lui mettre une bonne fois pour toutes un point final sur les i (grec, d’ailleurs). Vous surfez sur les buzz de Elle, Marie-Claire, Isa et les autres (et ça vous rend totally « LOL »). Vous plongez « ASAP » dans la cuisine créative des graines de chefs et de stylistes. Vous barbotez dans toutes les cultures émergentes et les courants underground, et vous ne causez plus ni à votre Jennifer de cousine (trop beauf, of course), ni à votre Benoît de voisin (desperately classique…). Et puis un jour, cette fusée de Mado, elle vous annonce sans pincettes que vous n’auriez jamais dû chercher à vous changer d’une virgule. Parce qu’en réalité, le must de la féminité qui déchire, la tête de gondole de la nana qui fait craquer, c’est la petite louloutte attardée qui ne pipe pas trois mots d’anglais, mais qui maîtrise les paupiettes de veau et les rillettes de maquereau comme les meilleurs chefs, sans être pour autant aussi mal fringuée qu’eux (et ça, effectivement, c’est quand même vous tout craché, alelouiah).

pour 4 à 6 personnes
10 min de tambouille
30 min de réfrigération (c’est mieux)

• 1 grosse boîte de lentilles brunes (oui oui, en conserve, ça va très bien…)
• 1/2 poivron jaune
• 3 c. à soupe d’huile d’olive
• 1 c. à soupe d’huile de sésame (c’est pas obligatoire et ça se remplace par n’importe quelle autre huile) le jus d’un citron
• 1 c. à café de paprika
• 1 c.à café de cumin
• 1 poignée de grains de sésame (le top, c’est d’en trouver au wasabi dans un supermarché asiatique)
• sel et poivre
• 1 robot mixeur (et oui, encore et toujours lui, c’est le meilleur !)

Bon, et ben voilà encore une recette aux instructions très compliquées…
Pour être la reine de la mousse, il vous suffit de rincer et d’égoutter les lentilles (dans une fine passoire, c’est mieux), et de verser l’ensemble des ingrédients dans le bol de votre robot.
Vous mixez, vous goûtez, vous rectifiez l’assaisonnement, vous transvasez dans un petit saladier (joli, de préférence), vous mettez au frigo (couvert, sinon ça dessèche et ça s’oxyde).
Quand vous avez l’estomac qui crépite, vous faites griller du pain, vous saupoudrez la mousse de grains de sésame et puis vous tartinez à volonté, pour le meilleur et pour le pire…
(Et puis pour info, cette recette, elle marche aussi avec des haricots blancs ou rouges, et même avec des pois chiches…)

MON DEUXIÈME LIVRE DE RECETTES EST EN LIBRAIRIE !Goûtez-y du bout des lèvres ou dévorez-le à pleine bouche,et dites-moi comment ça fait...