Je suis pas une courge

MOUSSE CHOCOLAT-CAFÉ AU BEURRE SALÉPour dégriser les cœurs de pierre et les silhouettes de brindille

Même si vous êtes une pointure au sudoku, que vous fendez les longueurs de la pistoche comme une merveilleuse sirène et que personne ne réussit mieux que vous les mojitos bien tassés, il y a cependant deux-trois bricoles sur lesquelles vous êtes définitivement à la rue, et ça, le responsable du rayon visserie de Castorama et les deux frangins cavistes de votre quartier peuvent largement en témoigner. Pour planter un clou, choisir un bourgogne, remplir un constat d’accident ou négocier le remplacement d’une chambre à air, vous nagez bel et bien dans la solitude, la détresse et la vulnérabilité. Et dans ces moments-là, avant d’avoir à prononcer l’effroyable « dis voir, mon p’tit chéri que j’aime, que j’adore et que je vénère, est-ce que tu pourrais s’il te plaît je t’en prie je t’en supplie, me donner un coup de main pour raccorder la nouvelle bouteille de gaz et tant que tu y es, m’aider aussi mon amour, mon trésor, à dévisser le couvercle du pot de cornichons ? », il est bon de vous rassurer en vous rappelant que c’est vous et personne d’autre la fée du tiramisu, de la tartiflette et des rillettes de maquereaux.
Pour 4 à 6 personnes

15 minutes de tambouille
1 nuit (ou 1 journée) de réfrigération

• 4 gros œufs bien frais et biens dodus
• 200 g de chocolat bien noir et bien goûteux
• 80 g de beurre bien gras et bien salé
• 2 sachets de sucre bien chimique et bien vanillé
• 1 à 2 cuillères à café de café bien moulu et bien corsé

Faites d’abord fondre vos scrupules diététiques dans une casserole, avec le chocolat et le beurre (au micro-ondes, au bain-marie, au four, au barbecue ou au feu de cheminée… tant que vous le surveillez du coin de l’œil et de la cuillère en bois…).
Séparez les blancs des jaunes (un par un, histoire de pas tout jeter si vous en loupez un).
Transvasez le chocolat dans un grand saladier et ajoutez-y les jaunes d’œufs, le sucre vanillé et le café moulu (pas du lyophilisé, quoi…).
Mélangez à fond les manettes à la cuillère en bois.
Faites monter les blancs en neige (au batteur électrique ou au fouet manuel selon la dépense calorique envisagée…), et incorporez-les délicatement dans le saladier, en mélangeant de haut en bas.
Si vous voulez faire trendy, transvasez dans des ramequins individuels (ou des pots de yaourt en verre), filmez le tout (avec du film étirable, pas une super8…), et enfermez au frigo pendant une nuit ou une journée (sinon, ça fait plus crème que mousse…).
Et puis, faites, du sport, bougez-vous, et ne me demandez surtout pas de faire la même chose…

TARTE À LA RHUBARBE ET À LA CONFITUREPour rendre hommage à la cerise sur le gâteau

La personne la plus sugar addict que vous connaissez ? C’est sans sourciller votre cousine Ninette (Ninon, tout le monde trouve que ça fait garçon manqué). Sa première décision d’être humain a été de vendre son âme au diable pour un paquet de Pepito (même pas des chocolat au lait, ça existait pas encore à l’époque). Elle connaît l’agencement du rayon confiseries de votre hypermarché par cœur, et elle a fait deux jours de prison pour attaque d’une pâtisserie à main armée (elle a griffé la gérante avec ses ongles nouvellement french manucurés parce qu’elle refusait de l’embaucher comme vendeuse sous prétexte qu’elle avait un bac+2 de génie civil, la nase…). Tout le monde l’appelle par son prénom sur la hotline de Weight Watchers, et elle a une entrée VIP chez les trois dentistes de son quartier. Bien sûr, c’est elle qui vous a initiée aux éclairs au café, au banana split et à la Sacher Torte, vous la vénérez comme une déesse, et vous ne manqueriez pour rien au monde un de ses Saturday Night Desserts. Ninette, vous et les calories, c’est pour la vie.

Pour 6-8 personnes
20 minutes de tambouille
1 h 30 de dégorgeage
35 minutes de cuisson

• (Pour un moule rond ou carré d’env. 20 cm de diamètre ou de côté)
• 500 g de rhubarbe
• 100 g de sucre en poudre
• 1/2 pot de confiture de fruits rouges
• Pâte brisée : 200 g de farine
• 100 g de beurre salé
• 2-3 cuillères à soupe d’eau ou de vinaigre balsamique

C’est parti jeune fille : lavez vos douces paluches, faites pareil avec les tiges de rhubarbe, coupez-en les extrémités, enlevez les parties abîmées avec un économe, puis  tranchez-les en tronçons de 1 cm (on parle de la rhubarbe, pas de vos mains, hein…).
Mettez-les dans une passoire avec 70 g de sucre, recouvrez d’une assiette, et laissez dégorger pendant environ une heure et demie.
Regardez-vous les deux épisodes de Prison Break que vous avez loupé hier soir, puis  préparez votre pâte en versant la farine et le beurre en petits dés dans un petit saladier, et en amalgamant le tout du bout de vos merveilleux petits doigts.
Mouillez petit à petit au vinaigre balsamique (ou à l’eau) et pétrissez rapidement jusqu’à obtenir une boule de pâte souple. (Si la pâte colle trop, mettez-la au réfrigérateur).
Quand la rhubarbe est prête, préchauffez le four à 180°C (th.6), étalez la pâte et chemisez-en votre moule beurré ça veut simplement dire que posez la pâte par dessus le moule).
Tapissez le fond de confiture (n’y allez pas de main morte, on est pas a deux calorie près…), puis ajoutez les tronçons de rhubarbe, et saupoudrez de 30 g de sucre en poudre.
Enfournez pendant environ 35 minutes, et dévorez tiède ou dégustez froid (ça se congèle d’ailleurs…).

ROQUETTE AUX LARDONS ET AUX LITCHISPour se remettre au vertsans avoir à repeindre son assiette en gris

Vos copines et vous, vous êtes les princesses de la tchatche à rallonge. C’est toujours le même disque : vous vous rencardez à 16h pour « un p’tit café-goûter », vous déballez vos aventures de la semaine, vous finissez par oublier l’heure, éperdument suspendues à votre nourrissante conversation, et vous vous retrouvez finalement rappelées à l’ordre en début de soirée par les gargouillages de vos estomacs délaissés. Mais évidemment, pas question même à ce moment-là, de perdre le fil de votre conversation en vous lançant dans une tambouille trop complexe. C’est en ce genre d’occasions que vous (vous) prouvez à nouveau que vous êtes la crème des gazelles et que vous maîtrisez à merveille l’art délicat de la casserole express.

Pour 4 personnes
10 min de tambouille
3 min de cuisson

• 125 g de roquette (encore verte et fraîche…)
• 100 g de lardons fumés
• 1 dizaine de litchis au sirop
• 1 cuillère à soupe de vinaigre balsamique
• Assaisonnement :
• 2 cuillères à café de moutarde de Dijon
• 2 cuillères à soupe de vinaigre de vin (du rouge !)
• 2 cuillères à soupe de vinaigre balsamique
• 4 cuillères à soupe d’huile d’olive
• sel et poivre

Si vous n’avez pas opté pour la flemmardise du sachet tout prêt, lavez et essorez votre roquette.
Faites revenir les lardons dans une poêle anti-adhésive (pas besoin d’huile, c’est assez gras comme ça…), et puis arrosez en fin de cuisson avec le vinaigre balsamique (ça, c’est super bon, pour le moral et pour le goût).
Égouttez-les sur du papier absorbant (seulement si vous faites un tant soit peu attention à votre ligne…) Tranchez les litchis en petits morceaux et réservez-les dans un bol.
Préparez l’assaisonnement en émulsionnant (ça veut dire faire épaissir le liquide en touillant vite et fort) la moutarde, les vinaigres, l’huile, le sel et le poivre.
Finissez ce challenge express en répartissant la roquette, les lardons et les litchis dans des bols individuels et en arrosant de vinaigrette.
Reprenez le cours de votre conversation et resservez-vous un p’tit coup de rouge (pas trop quand même, hein…).

BROCHETTES D’ORANGES AU MIEL ET AUX PIGNONSPour pulper du dessert sans sucrer son régime

Toute votre penderie y est passée, et pour parler vrai, vous n’êtes pas franchement fière de vous. Vous dégommez vos robes, vous explosez vos t-shirts, vous outrepassez les limites de vos pantalons et vous n’osez même plus regarder votre lingerie en face… Autant vous le dire, c’est la cata, et la rentrée risque de sentir bon le serrage de ceinture. Si au moins vous étiez courageuse. Si seulement vous étiez sportive. Et si par miracle vous aviez en guise de chéri un riche wonderboy à même de vous offrir des séances de powerplate… Mais non, la réalité est bien plus sordide : vous allez devoir manger des fruits et des légumes, de la soupe et des salades, et faire semblant de garder la banane et la pêche avec votre entourage alors que vous traverserez des moments de rage et de désespoir gastronomiques. Et oui, vous voilà dans de beaux draps. Alors brûlez un cierge et votre boîte à bonbons, et souhaitez vous une excellente traversée désert (au moins vous, vous pourrez boire beaucoup d’eau…).

Pour 3 à 4 personnes (environ 8 brochettes)
15 minutes de tambouille

• 3 oranges à dessert
• quelques cuillères à soupe de miel liquide
• 1 poignée de pignons des pics à brochettes

Faites 20 minutes d’étirements, puis coupez les oranges en tranches, enlevez la peau au ciseau, et découpez les tranches en morceaux triangulaires.
Essayez de faire une dizaine de pompes et composez des brochettes avec les morceaux d’oranges.
Courez comme une gazelle jusqu’à ce que la mort vous sépare de votre jogging, et servez ce dessert nappé de miel et parsemé de pignons.