Je suis pas une courge

FEUILLETÉ FORESTIER AU THON ET AUX TOMATES SÉCHÉESPour ne plus frimer avec le dos de la cuillère et se la jouer tranquille

Avant : on avait le tablier moite, on frémissait devant sa grosse marmite, on angoissait face à son paquet de nouilles, on retournait sa poêle sept fois sans sa main avant de faire sauter ses crêpes, et on s’auto-diagnostiquait à tort et à jamais recettophobe. Après : on fait péter la toque du chef, on murmure à l’oreille des boîtes de conserve, on danse avec les couteaux à viande, on assure cash et sans sourciler, et on tortille torride du moule à tarte. Ça le fait tellement que c’en est à croire qu’en fait, la cuisine, c’est juste une histoire de point de vue.

pour 4 à 6 personnes
20 min de tambouille
15 + 30 min de cuisson

• 1 rouleau de pâte feuilletée pur beurre (soyons simples...)
• 250 g de champignons de Paris en boîte émincés et égouttés (continuons…)
• 1/2 bocal d’olives vertes dénoyautées
• 10 à 15 tomates séchées 1 boîte de thon au naturel (sans maquillage, quoi…)
• 3 oignons moyens
• 2 cuillères à soupe d’huile d’olive
• 1 jaune d’oeuf sel et poivre

Bichonnez votre garniture, car elle vous le rendra bien : pelez et émincez les oignons et faites les blondir avec l’huile d’olive à feu moyen dans une grande casserole, pendant une dizaine de minutes.
Ensuite, rincez et égouttez les champignons, puis mélez-les à vos oignons.
Prolongez la cuisson pendant cinq minutes.
Pendant ce temps, optimisez votre rendement culinaire : tranchez les olives en rondelles et les tomates séchées en petits morceaux, puis égouttez et émiettez le thon.
Arrêtez la cuisson, et ajoutez le thon, les olives et les tomates au mélange thon et champignons (je suis précise, qu’on se le dise…).
Salez et poivrez, et mélangez le tout dans un saladier (comme ça, ça refroidi un peu et vous pourrez garnir tranquilles).
Préchauffez le four à 200° (th. 6-7).
Déroulez la pâte en la laissant par-dessus son papier sulfurisé.
Posez la garniture au centre, de façon à former un gros boudin d’environ 12 cm de large repliez les bords pour former votre chausson, puis badigeonnez-en le dessus au pinceau avec du jaune d’œuf (ça va dorer et vous allez adorer).
Piquez de quelques trous à la fourchette, et transférez le chausson sur une plaque de cuisson à l’aide du papier sulfurisé.
Enfournez pendant environ 30 minutes, laissez refroidir sur une grille, et mangez chaud ou froid (les tranches se tiennent carrément mieux quand on a laissé le feuilleté passer quelques heures au frigo).

TARTE AU POULET ET À LA MOUSSE DE PETITS POISPour enterrer les pizza et baillonner les quiches

Imaginons… Pour aujourd’hui, vous êtes Heidi la bergère, et vous passez votre journée à gambader par monts et par vaux en montant à fond le son de votre i-Pod shuffle (vous avez droit à un peu de technologie, quand même), et en batifolant gaiement avec vos amis les moutons. Autant vous le dire tout de suite, il n’y a ni point de vente de surgelés, ni zone de livraison de pizza dans le coin. Et quand votre estomac commence à gargouiller, il n’est pas question de le faire savoir à votre micro-ondes : il a été emmuré par votre grand-père. Vous allez donc faire un tour chez vos potes les fermiers avec votre joli panier, et vous leur troquez une paire de chaussettes et un bonnet tricotés mains par votre grand-mère en échange de votre liste de courses. Et de retour dans votre vieille masure, vous ne jouez pas du pipeau : vous cuisinez !

pour 6 à 8 personnes
15 min de tambouille
5 + 30 min de cuisson

• 1 pâte feuilletée à dérouler (c’est trop galère à faire soi-même)
• 400 g de blancs de poulet (escalopes, filets…)
• 4 c. à soupe de crème fraîche épaisse
• 2. c. à soupe de moutarde à l’ancienne
• 1 c. à soupe d’huile d’olive
• 1 éventuellement bienvenue poignée de pignons
• Pour la mousse :
• 1 grosse boîte de petits pois extra fins
• 3 c. à soupe de crème fraîche épaisse
• 2 c. à soupe d’huile d’olive
• 1 gousse d’ail
• le jus d’1/2 citron
• 1 c. à café de cumin
• 10 g de feuilles de persil plat
• sel et poivre

Commencez par exécuter une successful mousse en mixant ensemble les petits pois rincés et égouttés, l’ail pelé, le cumin, le citron, la crème, l’huile, le persil, le sel et le poivre.
Émincez ensuite vos blancs de poulet en petits dés, et faites-les revenir quelques minutes à la poêle avec l’huile d’olive.
Mélangez ces derniers avec la crème et la moutarde.
Préchauffez le four à 180° (th 6).
Déroulez la pâte et étalez-la sur un moule.
Piquez de quelques trous espiègles à la fourchette, et recouvrez du mélange poulet-crème.
Finalisez cette brillante opération culinaire en nappant la tarte de mousse, et enfournez-la pendant environ 30 minutes.
Servez-la chaude, tiède ou froide, découpée en petites parts (si vous avez un moule à brownies, vous pouvez faire des parts carrées, c’est super joli), et parsemée de pignons.
Et puis si cette tarte vous botte, pensez à l’emmener pique-niquer dès qu’il fait beau, ça la bottera aussi.

FAR PRESQUE BRETON AUX PRUNEAUXPour voir plus loin que le bout de son assiette

On ne sait pas ce qu’ils ont tous avec la Bretagne… Et puis à force, à les écouter fanfaronner les yeux pétillants, on finit par se laisser convaincre que c’est devenu « the place to be », et on réserve sans même s’en rendre compte un billet de train ou deux (et oui, des fois, la SNCF fait encore des promos…) pour Saint-Malo, Brest, ou Plancoët, en se frottant les mains d’avoir choisi une destination aussi trendy. On y va,  on teste sur le vif, et on doit bien avouer qu’on ne regrette absolument pas, voire même qu’on kiffe grave… Et quand on s’en retourne finalement dans son pâle et résidentiel fief, c’est avec le cœur un peu plus gros que d’habitude et avec le ventre plein d’images, d’odeurs et d’envies d’en remettre une couche. On y a pris goût et on en soûle les autres nous aussi maintenant, condamnés pour toujours à vivre avec cette langueur spleenesque, cette soif de sel et de crachin, et cette fringale de bulots, de coques, de galettes, de kuign-aman…

pour 6 à 8 personnes
1 nuit de trempage (pas obligatoire mais traditionnel)
10 min de tambouille
1 h de cuisson

• 250 g de farine
• 200 g de sucre (en poudre, of course)
• 4 gros oeufs
• 75 cl de lait (plus ou moins écrémé)
• 25 beaux pruneaux (dénoyautés, ça évitera de grincer des dents)
• 1 éventuelle et plutôt sympathique c. à soupe de rhum

Enfilez votre tablier, vos bottes en caoutchouc et votre ciré, et plongez à la recherche de vos ingrédients. Faites chauffer le lait dans une casserole ou au micro-ondes (pas besoin q’il soit brûlant), puis versez le dans un saladier.
Ajoutez-y la farine, les œufs, le sucre en poudre et le rhum (si vous avez eu le courage de respecter la tradition ancestrale du trempage des pruneaux, vous aurez ancestralement trempé, la veille, vos pruneaux dans le lait et le rhum).
Mélangez gaiement (ou pas) au mixeur (ou pas), et versez dans un plat à four.
Répartissez les pruneaux sur l’ensemble du plat (pour éviter les crises de jalousie, les meurtres…).
Et c’est parti pour le four : 45 minutes à 180° (th 6), puis 15 minutes à 130° (th 5).
Démoulez tout ça en découpant votre far en belles portions carrées, et croquez à pleines dents dans votre escapade bretonne.

MINI-TRIANGLES AUX CAROTTES ET AU MIELPour faire bonne figure face à de redoutables invités

Dans le top ten des gens qu’on adore mais qu’on déteste inviter, il y a entre autres les copines qui savent tout faire à merveille, de la french manucure à la blanquette de veau en passant par les positions sexuelles les plus compliquées, les mamans qui nous ont nourries quotidiennement, avec un infaillible potentiel de renouvellement et une dévotion de tous les instants, les potes trendy qui n’avalent plus que des sushis et des amuses-gueule innovants et stylisés, les nouveaux amoureux qui vous font perdre la tête et tricoter les jambes, et puis bien sûr son foutu amour propre adoré, celui qui fait qu’on place toujours la barre le plus haut possible et qu’on se lance des défis innombrables et mesquins. Eh bien mes p’tits loups, ce soir on va leur scotcher les mirettes et leur laquer l’estomac en leur mitonnant une recette qui claque et qui éclate parce que, comme le disent les longues filles bizzares qui font du play back à la télé « nous aussi, nous le valons bien ».

pour 4 personnes (env. 16 triangles)
30 min de tambouille
15 + 10 min de cuisson

• 8 feuilles de brick
• 1 oeuf
• 500 g de carottes (prenez des « primeurs », parce que les premiers prix sont vraiment dégueu)
• 1 grosse poignée de raisins sec blonds
• 1 c. à soupe d’huile d’olive
• 1 c. à soupe de sauce soja
• 1 c. à soupe de vinaigre balsamique
• 2 c. à soupe de miel
• 1 c. à café de curcuma (si vous en avez, sinon c’est pas grave)
• 1/2 c. à café d’ail déshydraté sel et poivre

Commencez par mitonner une garniture qui croque et qui claque : pelez les carottes, tranchez-les en allumettes puis en petits dés, et faites-les dorer à feu vif dans une poêle avec les raisins, l’huile d’olive, le vinaigre balsamique, la sauce soja, le miel, le curcuma, l’ail, du sel et du poivre.
Laissez-les se ramollir tout en restant craquantes pendant une bonne dizaine de minutes, tout en les remuant régulièrement pour ne pas provoquer un accrochage-cramage catastrophe.
Quand tout ce petit monde est à point, préparez-vous à construire vos mini-triangles.
Prenez une grande bouffée d’oxygène, et coupez vos feuilles de brick en deux.
Mettez une demi-feuille face à vous, et repliez le bord arrondi contre le bord plat, de façon à avoir une longue bande de pâte.
Déposez une cuillère à soupe de garniture à quelques centimètres de l’extrémité gauche de la bande, puis repliez cette dernière en triangle par-dessus la garniture (disposée elle aussi en triangle, bien sûr !). Faites tourner le triangle sur lui-même de façon à former un pochon triangulaire régulier, et fixez la deuxième extrémité en la collant avec un peu de blanc d’oeuf.
(Si ce n’est pas clair, allez faire un tour du côté du dos de l’emballage de vos feuilles ou passez quelques secondes par la rubrique « les schémas qui font du bien »).
Préchauffez ensuite votre four à 200° (th.6-7). Disposez les triangles sur une plaque de cuisson et badigeonnez-les de jaune d’œuf pour qu’ils ressortent du four avec un joli petit teint hâlé.
Enfournez pendant une dizaine de minutes, et servez chaud ou tiède, avec une salade verte, un riz parfumé et une petite tablée de ventres affamés.